#Askip : À ce qu’il paraît, les fripes importées en Afrique pourraient transporter le Covid-19

Article : #Askip : À ce qu’il paraît, les fripes importées en Afrique pourraient transporter le Covid-19
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7 juin 2020

#Askip : À ce qu’il paraît, les fripes importées en Afrique pourraient transporter le Covid-19

Faux !

Quand une phrase commence par “à ce qu’il paraît”, il faut toujours se méfier !
#Askip, un format court pour démonter les fake news sur le Covid-19 qui circulent dans nos téléphones puis dans nos conversations. Alors, si vous n’avez pas le courage de vérifier vous-mêmes, restez connectés par ici, on démêle le vrai du faux pour vous.


Depuis quelques semaines, je vois sur Twitter et Facebook, des internautes qui tirent la sonnette d’alarme sur une possible contamination du Covid-19 à travers les fripes vendues un peu partout en Afrique. Des publications alarmistes et surtout virales car l’information se répand très vite.


Captures d’écran de publications sur Facebook et Twitter mettant en garde contre les friperies

Tout Burkinabè qui se respecte connaît le « yougou yougou » ! Le « Fougss » ! C’est comme ça qu’on appelle la friperie chez moi. A Ouaga, ce business fleurit depuis quelques années. Certains de mes cousins en vivent et s’occupent de leur famille grâce à cela.

Le principe est simple : importer d’Europe, d’Asie ou d’Amérique, des produits de seconde main encore en bon état et les revendre à des prix abordables. Tout y passe, les voitures, les produits électroménagers, la vaisselle, des matelas, des chaussures, des sacs et surtout les vêtements.
A Ouaga, le marché du 15 est consacré à la vente de vêtements en friperie. Il en existe aussi à Dakar ou à Lomé par exemples. Ces marchandises très prisées sont réputées pour être de bonne qualité et surtout moins chères que le tout neuf ou le prêt à porter.

Des fripes qui voyagent et qui passent de mains en mains

Je comprends que ça puisse faire peur. On ne sait pas dans quelles mains sont passés les vêtements qui, par ailleurs, ont voyagé jusqu’au Burkina Faso. Les fripes ne sont pas toujours rangées sur des cintres, mais empilées, entassées et il faut fouiller pour trouver ce qu’on veut. Les boutiques sont restreintes et reçoivent généralement plusieurs clients à la fois. Et enfin, les tenues ou chaussures pouvant être essayées sur place, plusieurs personnes peuvent porter la même fripe dans la journée, elles sont tripotées par beaucoup de gens.

Friperie à Ouagadougou.
Crédits photo : Yacouba Ouedraogo

Personnellement, j’évite de me rendre au marché ou dans les friperies depuis le début de la crise. Mais ai-je raison de me méfier ? Est-ce que le Covid-19 peut être transmis par les vêtements ? J’ai donc entrepris de me renseigner afin d’avoir la bonne information.

Comment se transmet le coronavirus ?

Le virus à l’origine du Covid-19 est transmis par des personnes porteuses du virus. En fait, il se transmet par voie respiratoire et via les muqueuses, non par les tissus ou objets. Donc essentiellement par les gouttelettes qu’une personne infectée expulse quand elle tousse, éternue ou parle. Ou par le contact de mains non lavées. Plusieurs études ont essayé d’estimer la durée d’infectiosité du virus sur des surfaces inertes. Résultat, si on peut être infecté en touchant des objets contaminés par des malades du Covid-19, les durées de survie du virus ne sont pas à prendre au pied de la lettre et sont à évaluer en fonction de plusieurs paramètres.

Le coronavirus ne survit pas longtemps en dehors de l’organisme humain

D’après le Dr Ousmane Faye, chef d’unité au département de virologie de l’Institut Pasteur à Dakar et cité dans cet article de l’AFP, la probabilité que ces textiles abritent le coronavirus est « quasi inexistante ».

« A l’heure actuelle, personne ne peut prouver que le coronavirus peut survivre et rester dans des habits. D’autant plus si les vêtements ont parcouru une longue distance, le virus ne peut pas vivre dans l’air. »

L’Organisation Mondiale de la Santé, nuance le propos. Pour l’institution, “les études tendent à montrer que les coronavirus peuvent persister sur les surfaces de quelques heures à plusieurs jours. Ceci dépend des paramètres : type de surface, température, humidité ambiante, charge virale, etc…   

Selon le Centre américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC), le nouveau coronavirus, le e SARS-CoV-2, semble effectivement survivre de plusieurs heures à plusieurs jours sur diverses matières, y compris les vêtements. Dans cet article du Huffington Post, Carol Winner, spécialiste de la santé publique, explique que certains vêtements peuvent contenir des gouttelettes respiratoires, dans la mesure où on les porte tous les jours. Mais, ces particules peuvent s’assécher avec le temps, ce qui rendra le virus inactif. Encore une fois, il n’existe aucune donnée scientifique sur la capacité du virus à résister spécifiquement sur les textiles.

Friperie à Ouagadougou.
Crédits photo : Yacouba Ouedraogo

Les chances sont alors minimes pour que les vêtements exportés en Afrique soient contaminés par le Covid-19. A moins, que quelqu’un éternue sur une chemise, la dépose rapidement dans un point de collecte et que cette même chemise soit tout de suite expédiée sur le continent africain… Je ne crois pas que les colis mettront moins de 12h pour être expédiés en Afrique à partir de l’Europe, d’Asie ou d’Amérique.

Comment réduire les risques ?

Même si le risque est infime d’être contaminé par les vêtements, il faut rester prudents car la contamination peut toujours se faire sur place lorsque les vendeurs réceptionnent leurs marchandises. 

  • Le lavage des tissus permet la désinfection et réduit donc les risques de propagation. Il est conseillé de laver les vêtements à l’eau très chaude.
  • Désinfecter les surfaces (pas les jeans) avec des produits contenant de l’eau de javel.
  • Faire sécher son linge le plus longtemps possible car les gouttelettes s’assèchent, ce qui semble désactiver le virus et tuer les germes.

Et surtout, pour rester en bonne santé, il est important de garder les bons réflexes : se laver les mains très régulièrement au savon ou au gel hydro alcoolique, porter un masque et respecter la distanciation d’au moins un mètre.

Je vous laisse, je retourne à mes virées shopping dans mes boutiques préférées, bien sûr en restant prudente !

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